Munakata Shiritsu Yoshitake Elementary School 宗像市立吉武小学校
Évidemment je dois me déchausser dans le hall et enfiler des petits chaussons, j’ai l’impression d’être un enfant arrivant dans sa nouvelle école. Chieko-san m’accompagne jusque dans la salle des professeurs. Je rencontre Mori-sensei, et discute avec l’enseignante d’anglais. Lorsque Chieko-san me sent suffisamment à l’aise, elle prend congé. Je suis sagement Mori-sensei, qui m’accompagne jusque dans ma classe.
Pour ce début de matinée, me voilà en CM3 dans la petite école de Takemaru, préfecture de Fukuoka au Japon!
(CM3 n’est pas une erreur, rokunensei en japonais, autrement dit « sixième année de primaire »).
Le directeur de l’école vient s’assurer que tout se passe bien et reste une dizaine de minutes dans la classe. L’institutrice commence par une séance de questions-réponses pour satisfaire la curiosité des élèves, et me permettre d’échanger avec eux.
Je suis impressionné, pendant que l’enseignant prépare l’ordinateur et le tableau numérique interactif, les élèves corrigent en autonomie un QCM, font l’appel… Chacun sait ce qu’il a à faire. Un élève est chargé de présenter l’emploi du temps de la journée, un autre prépare le billet d’appel…
Quant à moi, sur ma chaise trop petite, j’ai l’impression d’être à la place d’un de mes élèves d’UPE2A (la structure scolaire qui accueille les enfants qui arrivent en France et ne maîtrise pas encore le français). Et encore je suis avantagé par rapport à certains, j’arrive un peu à comprendre, et le cours débute par des mathématiques !
Je suis ravi, il s’agit de la symétrie axiale, des fractions; je filme quelques morceaux de séance que je pourrais utiliser avec mes sixièmes !
Bon, il faut que je fasse attention à ne pas transformer cette article en analyse pédagogique de la séance. Mais brièvement, l’ambiance de classe est très agréable, les élèves qui disposent chacun de leur cahier d’activités, se lancent dans la résolution des exercices; l’enseignante maintient un bon équilibre entre autonomie des élèves et correction des exercices. Je me ballade et essaye d’aider les élèves bloqués.
Les enfants m’ont vite adopté. Et lors de la pause, avant de passer à l’étude du japonais, j’ai le droit à ma petite interview. J’essaie de satisfaire la curiosité et l’envie d’échanger des élèves. Heureusement ils sont bienveillants, répètent et reformulent les questions, et ralentissent leur débit de paroles. J’ai vraiment l’impression d’être un de mes élèves d’UPE2A.
Le cours de japonais débute. Je revois certains de mes élèves qui pendant mon cours luttent pour comprendre puis s’épuisent et me renvoient un regard poli, un peu vague mais résigné. Mais, ici, bien évidemment l’enseignante ne peut pas se permettre de s’interrompre pour venir m’expliquer, sinon elle ne me quitterait plus !
Difficile de suivre, je suis au niveau 0 en Kanji, et je ne suis pas déçu en entendant la sonnerie retentir. Je quitte alors les plus grands (qui me font promettre de déjeuner avec eux), pour me rendre dans la classe des plus petits, les premières années, ichinensei, l’équivalent du CP.
Il n’y a pas d’adulte lorsque j’arrive dans la classe, mais des gamins surexcités qui courent partout. Je fais semblant d’être un instituteur remplaçant, mais je suis vite dépassé par l’excitation des élèves, qui rient, parlent vite et me posent mille questions.
Heureusement l’instituteur arrive. C’est parfait, aujourd’hui, la séance est consacrée à l’étude de la situation géographique de l’école dans son environnement proche. C’est en effet la rentrée ici au Japon, cette séance est parfaite pour moi qui ne connaît pas bien encore les alentours. Nous montons donc sur le toit de l’école. Je repère le complexe sportif « Global Arena » où j'irai faire mon sport, l’hôpital, et comme un enfant je suis content de montrer à mes petits camarades, la maison où j’habite : « - Oui juste à côté du pont rouge ».
Retour en classe pour que chacun puisse partager ses observations. Et c’est l’heure de la pause déjeuner.
Me voilà parjure, je promets aussi de déjeuner avec mes nouveaux copains…
Je suis un peu livré à moi même et ne comprends pas trop ce qu’il se passe, où je dois me rendre... Je vais chercher des informations auprès des CM3 qui m’expliquent qu’ils vont déjeuner dans la classe. Ils sont d’ailleurs en train de réarranger les tables pour le repas. Ils ne me laissent partir que parce que je leur promets de revenir, et je retourne observer les CP, accompagnés de quelques CM3 qui viennent pour aider les plus jeunes.
Certains CP doivent vraiment manger salement, car ils s’équipent d’une combinaison quasi intégrale blanche… En fait je suis à côté de la plaque et loin de la réalité, ils sont vraiment trop autonomes ces petits ! Je passe d'abord du temps avec les plus petits, puis je vais rejoindre les grands pour déjeuner, en essayant de tenir toutes mes promesses.
Bien sûr, les enfants débarrassent et apportent le tout à la cuisine, et remercient ceux qui vont nettoyer la vaisselle. Vient un temps de pause et de relaxation; j’observe l’élève en charge de l’aquarium en plaisantant avec lui.
Puis retentit la sonnerie pour « soujitoki », c'est l'heure du ménage!
Je ne suis plus étonné de trouver l’école aussi propre, mais en revanche assez émerveillé de voir tous ces petits bouts prendre à cœur leur tâche de nettoyage.
Quelle journée ! Dur de quitter les nouveaux copains, je suis quand même un grand et je rentre à la maison à pieds, tout seul!
Les jours qui suivent, je croise souvent des anciens camarades qui me saluent ou viennent échanger quelques mots joyeusement.
Je suis très reconnaissant à mes hôtes et aux responsables de l’école d’avoir organisé cette journée et suis convaincu un peu plus encore de la richesse des échanges interculturelles, qui peuvent permettre de questionner, et de faire évoluer nos pratiques, nos mentalités…
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